Au vu des derniers évènements survenus aux états unis qui ont engendré la colère de l’opinion, il est intéressant de se questionner fondamentalement sur ce mal qui ronge les communautés humaines. Tenter d’y réfléchir, tenter de se réinventer.
De quoi parle-t-on ?
Le racisme est définit soit comme une idéologie postulant une hiérarchie des races ou comme une discrimination ou une hostilité envers un groupe humain[1].
La première perspective de la définition nous place devant la problématique de la différenciation des races. La race est définie au sens propre du terme comme la catégorie de classement de l'espèce humaine selon des critères morphologiques ou culturels, sans aucune base scientifique[2] .
Le racisme consiste donc à réserver un traitement particulier à un individu dépendamment de la « déclinaison » de sa couleur de peau.
Le racisme est donc question de couleurs. Peindre le mur d’une chambre en rouge, nous disent les décorateurs, octroierait une sensation plus chaleureuse à la pièce alors que le blanc pourrait donner une perspective plus neutre et froide. Pousser la logique du racisme à l’extrême voudrait qu’à l’instar de ce type de choix de couleurs décoratives, la coloration de peau très foncée d’un est-africain génère plus de répulsion que celle plus basanée d’un centre-africain ou celle métissée d’un afro-caribéen.
Cependant même cette distinction est trop complexe pour la simplicité du racisme. Ce comportement est à ce point inintelligent qu’il est incapable de tenir son propre raisonnement de façon constante. Le racisme est de l’ordre du subjectif, du sentiment, de l’héritage.
Protagonistes
La traite négrière, L’esclavage, La colonisation, Le nazisme, l’apartheid ont été, entre autres, en près de 300 ans d’histoire humaine, des formes visibles et acceptées de racisme.
Cette histoire met en exergues deux protagonistes : un Blanc et un noir.
La posture du blanc est celle de l’oppresseur, du perturbateur, de l’envahisseur du mode de vide de l’autre.
Celle du noir est celle du plaignant, du suppliant d’une forme d’égalité, de justesse et de justice.
Cependant, la posture blanche a généralement évoluée. A l’exception notable des Etats-Unis, cette posture est désormais celle de la gêne, de l’embarras, lourd fardeau né d’un passé aujourd’hui soigneusement rangé derrière le « politiquement correcte » ; une attitude de condamnation de toutes allusions à ces faits historiques à fort impacts sociologiques. Il y a là comme une tentative d’esquive des accusations de la conscience pour ne pas avoir à affronter la réalité de l’offense.
Malgré l’abolition de l’esclavage et autres décolonisations qui semblent être des avancées de sa condition, la cause du noir n’est pas entendue. Sa posture se transforme alors en épisodes de violences et de révoltes revendicatrices. Il y a eu ensuite une phase « d’écroulement du moi »[3] ; un déni de ses propres origines dans le but d’être à tout prix valorisé par autrui. Mais rien n’y fait. Par les mots du rappeur Sean Carter dit Jay-Z : « Nègre clair, Nègre foncé, Nègre collabo, Nègre résistant, Nègre riche, Nègre pauvre, Nègre de maison, Nègre des champs, Toujours Nègre… ».
Les évènements actuels semblent donc être un retour du noir à des formes plus vindicatives de ses doléances amplifiées par les nouvelles technologies de l’information.
Cette continuelle quête d’acceptation de sa condition d’homme pose aujourd’hui la question des moyens à employer pour obtenir ce droit inaliénable à tout point de vue.
Le débat où la force ?
Le débat est intelligible ; le racisme ne l’est pas. Le débat est subjectif ; le racisme ne l’est pas.
La violence par contre est objective, factuelle, fluide dans sa communication et presque libératrice. On peut donc comprendre pourquoi et comment la violence a été et est encore aujourd’hui pour beaucoup de noirs oppressés la seule alternative pour faire passer un message autour duquel il est difficile et à la limite indécent d’être subjectif.
La posture du blanc oriente les moyens de réponses à la problématique du débat et de la force. L’Europe, contrairement aux Etats-Unis, a réalisé des « progrès » dans ce sens que le racisme (devrait-on s’en contenter ?) y a pris des formes plus « subtiles ». Les Européens, instigateurs d’un nombre important d’oppressions raciales, ont, au fil des années, lissées leurs modes de pensée vers des préceptes tels que le respect des droits de l’homme qui empêchent désormais une forme de brutalité ouverte. Dans ces contrées le « débat » est généralement accepté.
Il n’en reste pas moins que cette forme de racisme, plus sournoise puisque cachée derrière le prêche constant d’une réalité égalitaire inexistante, est toute aussi frustrante (si pas plus) que la forme violente de l’offense.
La violence, elle au moins, offre une forme d’égalité à l’opprimé en ce sens qu’on se lance dans un affront tangible, actif et réel, qui « existe ». Ceci explique pourquoi, à l’instar de la réaction des noirs américains, certains noirs européens réagissent avec violence à ce que l’autre partie considère comme une évolution de la pensée raciale. Cette violence est salvatrice pour le protagoniste noir pour qui le racisme est violence à l’état de nature ne pouvant s’incliner que devant une plus grande forme de violence[4].
Cette violence trop souvent incomprise et, parce que jugée incompréhensible, est rangée grâce aux préceptes volontairement simplistes du « politiquement correcte » derrière les traits « culturels » de l’homme noir.
Culture : Différences contre Discrimination
Il existe une forte tentation de classer le racisme derrière le joli tableau d’une vaste incompréhension culturelle. Fourberie ! Il s’agit là d’une tentative d’intellectualisation du racisme qu’Il ne mérite pas. A l’instar de ces manifestations sociales, le racisme n’est pas une machine à penser et n’est pas un corps doué de raison [5]. Le racisme est rétrograde, banal et simple.
Ce qui l’est moins, est la difficulté d’acceptation et de respect des différences culturelles, et, dans ce processus, la condamnation des discriminations inhérentes à ces différences.
Ceci nous amène à la deuxième définition du racisme qui fait référence à l’hostilité envers un autre groupe humain. Certaines cultures africaines prônent une différentiation dans l’éducation des jeunes filles qui entraine une série de discrimination envers les femmes qu’elles deviennent. Certaines religions prônent la damnation des homosexuels ce qui engendre également des discriminations envers ces personnes.
Il est donc important de continuer d’avoir ce débat subtil portant sur la définition des barrières entre acceptation des différences (notamment culturelles) et refus des discriminations tout en respectant la liberté de chacun. Ceci est un travail communautaire, inclusif et urgent. Il implique, blancs et noirs, oppresseurs et oppressés. C’est d’humanité dont il est question.
Bien qu’épineux et sensible, un juste milieu est possible. L’être humain en est capable. Son développement cognitif le lui permet. Il l’a prouvé autant de fois que l’histoire a eu besoin de s’en rappeler.
Homo Sapiens est le seul animal sur terre capable de collaborer avec un très grand nombre de ses paires[6] . C’est pour cela qu’il domine le monde.
Le raciste, en démontrant son incapacité à faire évoluer son mode de pensée et son acceptation de l’autre situe donc son développement cognitif, quelque part entre 2,5 millions d’années et 200 000 ans avant notre ère[7] , au moment où toute autre forme de vie différente du genre Homo lui était hostile.
Le racisme est à ce point primaire.
Gaëtan M.
[1] Larousse (2020)
Race, Available at:
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/race/65899?q=RACE#65153
(Accessed: 30th may 2020).
[3] Fanon, F (1971) Peau noire, masques blancs, Seuil
edn., : Seuil
[4] Fanon, F (1961) Les damnés de la terre, Anep edn., :
Anep Rouiba
[6] Harari, Y.N (2016) Homo Deus, A brief history of
tomorrow, Harvill Secker edn., London: Penguin Random House Group.
Comments
Post a Comment