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Un an après, quatre leçons du Covid-19 à l’écosystème Financier Congolais


La crise liée à la pandémie du coronavirus a plongé le monde dans une ère d’incertitude sans précédent. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, l’économie mondiale a vécu ce à quoi pourrait ressembler un arrêt complet de la machine économique. Bien qu’ayant été relativement épargné par la crise sanitaire, il est pertinent de se poser la question de la réelle résilience de notre écosystème financier dans le cas d’une plus grande exposition à une telle crise.

Les 4 leçons du Covid-19 à l’écosystème Financier Congolais ne sont qu’un échantillon trillé sur le volet dans le but de pousser à la réflexion sur un certain nombre d’effets multiplicateurs capables de créer de la valeur et d’aboutir à un environnement beaucoup plus robuste.

Des finances publiques

L’un des premiers signes de la résilience des Etats a été leur capacité d’injecter les liquidités nécessaires aux projets de relances de leurs économies. Cela a été réalisé par des réductions d’impôts, de l’investissement public ou encore par des paiements directs des états aux entreprises et aux particuliers. Deux choses sont fondamentales pour accomplir cette mission. Une monnaie forte administrée par une banque centrale indépendante et une politique fiscale permettant à l’état de se doter des moyens de financement dont il peut avoir besoin en période de crise.

De l’investissement

Il ensuite primordial de parvenir à réaliser une politique d’investissements stratégiques permettant de mieux résister aux chocs.

 L’économie numérique:

Tous les pays les plus affectés par la pandémie s’en sont retournés vers le secteur numérique qui a permis de garder un certain nombres de services et d’entreprises à flot. La politique numérique devrait permettre un accès plus important et plus stable à internet, promouvoir la création d’un écosystème entrepreneurial (type accélérateur ou incubateurs de start-up) capable de créer de véritables solutions de paiement, de logistique commerciale, ou d’investissement dans les systèmes de sécurité numérique entre autre. Il faudrait enfin promouvoir un véritable cadre juridique adapté aux opérations numériques et travailler sur un système éducatif tourné vers les métiers du numérique tels le codage, le développement d’application ou encore la programmation.

La contribution des services numériques doit devenir une part de plus en plus importante du PIB et ce à travers un objectif clairement définit et poursuivit par l’état. L’impact mondial du numérique sur le PIB se situe autour de 4,5% incluant, entre autre, 6% de moyenne pour les pays développés et environ 1% pour les marchés Africains. Certains pays tels que le Kenya (3%), les Etats unis (7%) ou encore l’Irlande (12%) sont clairement au-dessus des moyennes de leurs marchés respectifs.  Le Sénégal, par exemple, s’est fixé l’objectif ambitieux d’atteindre 10% de contribution à l’horizon 2025.

Environnement médical:

Malgré les investissements déjà insuffisants et haut combien nécessaires dans le système de santé primaire, la pandémie nous a montré qu’il est également urgent d’apporter un support au système paramédical, notamment celui de la pharmacie, du laboratoire et  plus globalement de la recherche.

L’équipe du Docteur Muyembe et son expérience dans la gestion des crises épidémiologiques a démontré qu’il existe bien les moyens humains pour faire face à ce type de pandémies pourvu que l’on investisse dans des unités sectorielles en les dotant de moyens permettant le développement de solutions propres à l’Afrique et au Congo.

A travers cet éminent homme de science, la RDC a été un des précurseurs de la lutte contre le virus Ebola dont nous avons exporté le système de gestion épidémiologie au reste de l’Afrique malgré des investissements clairement insuffisants dans ce domaine.  Aujourd’hui, alors qu’aucun scientifique n’est capable de déterminer avec précision pourquoi et comment l’Afrique a été si peu affectée par la crise sanitaire actuelle, la réponse aurait pu et aurait dû provenir des Africains eux-mêmes.  

De la diversification de la création de richesse

Les économies les plus résilientes en période de Covid ont la capacité de continuer de créer de la richesse provenant d’une multitude de secteurs. Avec une économie essentiellement tournée vers les mines (90%) des exports, la RDC aurait cruellement souffert dans le cas où l’activité minière aurait été affectée par la pandémie.  L’économie devrait donc diversifier ses sources de revenus pour, d’une part, donner plus de moyens d’intervention à l’état en temps de crise et, d’autre part,  créer de plus en plus d’emplois formels produisant l’épargne suffisante à une relance de la consommation après un arrêt du cycle de croissance. La formalisation de l’agriculture, la création d’industries de transformation (hors mines) et la diversification du secteur des services doit être une priorité pour tous. Entre 1990 et 2014, en dehors du Rwanda, du Sénégal et du Soudan, les pays Africains ont très peu diversifié leurs exports, très souvent se concentrant sur des rentes minérales ou énergétiques.

De la politique Commerciale

Les exports de la RDC sont concentrés en grande majorité sur la Chine. Une concentration qui aurait bien pu nous être fatale si celle-ci n’avait pas été la première économie à ressortir de la crise. Cependant, un volume beaucoup plus important d’échanges commerciaux inter-régionaux à forte valeur ajoutée permettrait de rendre les économies Africaines beaucoup plus résilientes sur le papier.

Nonobstant les réserves (en partie justifiées) liées à son application, l’accord de libre-échange continental Africain de mars 2018, est destiné à accroitre ces échanges tout en en augmentant la diversification et le niveau de sophistication. Il est cependant essentiel que les différentes économies concernées se dotent de véritables stratégies industrielles permettant d’assurer la compétitivité de leurs productions et de leurs exports.

 

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